Richard Morin

C’est en empruntant un parcours que l’on pourrait qualifier de multidisciplinaire que Richard Morin s’est véritablement pris d’affection pour la confection et le maniement des images, des couleurs et des formes. Détenteur d’un diplôme en communication ( Arts et Technologies des Médias) et d’un autre en scénographie de l’École Nationale de Théâtre, il réside à Paris entre 1987 et 1989. Il y effectue d’abord un stage en maquillage de scène, puis s’inscrit comme étudiant libre à la section dessin de l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts. Durant ce séjour, il complète également un stage en peinture scénique à l’Opéra Garnier.

De retour à Montréal, il amorce sa carrière de scénographe tout en faisant ses premiers pas en peinture. Entre 2 contrats de théâtre, il poursuit avec persistance sa propre vision picturale. Masques et maquillage pour le cirque, fabrication et conception de marionnettes pour diverses compagnies jeune public, impression textile pour la danse, création de décors pour la scène : ses projets se multiplient.

Au fil de ses explorations d’autodidacte, ce qui au départ relevait de variations sur des techniques apprises en peinture scénique se transforme peu à peu en une approche singulière mêlant abstraction, figuration et narration. L’expérience de la scénographie se laisse deviner dans sa manière de peindre et de mettre en scène les éléments, qu’ils soient figuratifs ou abstraits. Rapidement, quelques-unes de ses œuvres entrent dans des collections corporatives.

Au théâtre, il reçoit le prix Chalmers pour le spectacle iconique du Théâtre de l’Oeil « Le Porteur » dont il est coauteur, ainsi que le Masque de la « Contribution spéciale » pour la conception des marionnettes.

Sa première exposition personnelle a lieu à la galerie d’art d’Outremont en 1997.  Il a été représenté à Montréal par la galerie Simon Blais (1997-2003) puis par la galerie Dominique Bouffard (2006-2016). En 2011, il réalise sa première murale, « Les Conteurs », à l’occasion du 50e anniversaire de l’École Nationale de Théâtre. Nombreux sont ceux qui reconnaissent l’aspect unique et distinctif du style de Richard Morin dans le paysage de la peinture au Québec.

‍

DÉMARCHE ARTISTIQUE

Une constante se dégage de l’ensemble de mes réalisations artistiques : le sujet central de plusieurs de mes œuvres est incontestablement le visage humain. Que ce soit dans la création de masques, dans l’univers de la marionnette, et plus précisément en peinture, les visages sont omniprésents.
« Ces personnages qui nous regardent en face, a dit Michel Tremblay, veulent que nous les comprenions. »

Ils se détachent fortement dans l’univers représenté par le tableau. Il n’y a pas de collage pas plus que de photographies encryptées. Je travaille à l’huile, superposant de nombreux glacis me permettant de transposer les visages de façon presque photographique.

J’aime procéder par contrastes, et réconcilier des opposés : cela peut aussi bien être la spontanéité que la précision, l’instantanéité de la peinture gestuelle avec le patient rendu de la figuration, le flou des coups de pinceaux du fond et la définition des traits et des contours.

Mûs par un travail d’accumulation et d’effacements successifs de surfaces par ponçage, les couleurs et motifs apparaissent en couches minces superposées, éventuellement fixées par la glaçure. Le polissage de cette matière appliquée n’est pas assuré de permanence, sinon dans les traces picturales qu’elle laisse. Ma recherche s’articule autour des aléas de la mémoire.
                                         
« Richard Morin apprivoise le temps en archéologue inversé qui s’enfouit sous d’innombrables couches de glacis, pour figer à jamais ces visages énigmatiques qui nous observent. On ressent toute l’attente de ces personnages couchée sous les heures de travail de l’artiste, comme s’ils s’étaient faits eux-mêmes témoins de leur propre naissance, du haut de leur patience absolue. Que ce soit à dos de poisson, de cheval ou de lion, nous sommes entraînés dans le grand zoo de l’enfance et de ses vieilles sensations sucrées qu’on avait presque oubliées. »  - Clément Loisel, Montréal, 2006

‍